Premier de son groupe, la France est encore en course dans cette Coupe du Monde qui voit les grosses nations en grande difficulté. Pourtant, elle ne rassure personne : le contenu de ses matchs est même très alarmant. Quelles sont les inquiétudes identifiables ? Et surtout, comment les régler au plus vite ? Focus sur l’EdF.
La France devrait arborer cette formation au cours de la phase finale, même si Deschamps est connu pour changer constamment ces compositions. On notera que c’est Dembélé ou Lemar qui remplacent d’habitude Matuidi sur l’aile gauche.
Des failles à fixer d’urgence pour les tricolores :
La phase de poules des Bleus a été très mitigée, c’est le cas de le dire. Se cacher derrière les résultats ne fonctionnera plus à un stade avancé de la compétition, il faut donc identifier les défauts de l’équipe. Décryptage.
Avant de rentrer dans le vif du sujet, il faut évoquer la relance française. Base de toute construction d’action, elle doit être un point fort de la sélection. Mais elle est mal maîtrisée par celle-ci, surtout sous pression adverse. À ce moment-là , la France se perd et refuse catégoriquement de relancer proprement.
Résultat : de longs ballons envoyés vers Giroud pour gagner les duels aériens. L’attaquant pivot joue alors le rôle de point d’appui pour les ailiers ou les milieux. Voilà donc la stratégie de relance d’une équipe à la maîtrise technique naturelle exceptionnelle (voir vidéo de Piotr-Foot ci-contre)…
Quand les Bleus relancent proprement, c’est le reste de l’animation offensive qui ne va pas. Je l’avais déjà évoqué dans mes précédents articles, la sélection est une fanatique du jeu en U. Pour exemple, face au Danemark, Varane a effectué 65 passes pour Kimpembé et Sidibé. Ce jeu latéral excessif a des effets négatifs énormes sur son animation en attaque.
D’abord, le jeu en U permet à l’adversaire de resserrer son bloc et de récupérer le ballon grâce à une supériorité numérique. Il est en effet plus simple d’isoler un joueur sur le côté puisque ses options sont moins grandes que dans l’axe. Comme disait Guardiola, la ligne de touche est le meilleur défenseur du monde (voir image ci-dessous faite par Piotr Foot).
Et puis, qui dit jeu latéral dit issue latérale, soit les centres. Il est donc logique de voir les tricolores multiplier les centres pour pénétrer la surface de réparation. Problème : les français sont inefficaces dans ce domaine et peinent à faire la différence sur les centres. C’est les statistiques qui le disent : 1 centre réussi sur 17 tentés depuis le début de la CdM. Inquiétant.
Pour être efficace devant, une bonne astuce est d’exploiter les half-spaces, à mi-chemin entre l’aile et le centre. Elle permet à une équipe de jouer sur des espaces que les blocs médians/bas bloquent difficilement. Les français ne l’exploitent malheureusement pas, d'où leur difficulté face aux équipes repliées en défense.
Le pressing haut des Bleus cause lui aussi problème. Tantôt bon tantôt faible, il montre une intensité pas stable sur tout un match et variable selon l’envie des joueurs. Ce défaut pourrait coûter la qualification puisque laisser l’adversaire relancer proprement lui donne une chance de dominer le match. Tout est beaucoup plus facile lorsque la première progression de la balle est propre !
D’autres défauts peuvent aussi être mentionnés, mais voici donc les principales failles à corriger pour la sélection française. Si d’autres inconvénients il y a, leur importance n’est pas aussi grande que ceux évoqués ci-dessus.
Des solutions pour les Bleus ? :
Qui dit défaut dit solution. Rien n’est jamais perdu, et encore moins pour les Bleus qui peuvent rattraper leurs erreurs. Pour cela, des changements tactiques peuvent servir de solutions aux hommes de Deschamps. Explications.
La France a évolué jusque-là face à des nations quasiment toujours en bloc bas. Une difficulté à jouer contre ce type d’équipe a été constaté. En cause, plusieurs facteurs affligeants qui inquiètent pour la suite. En effet, face à une équipe jouant la défense, il faut aborder une tactique méthodique avec plusieurs principes de jeu.
Pour commencer, il faut maîtriser l’espace de manière à être dangereux sur tout le terrain. Comment ? Par l’occupation d’une structure de 5 lignes verticales comme par exemple sur cette image.
Ensuite, la relance doit aussi être revue par l’entraîneur. Balancer devant pour atteindre Giroud n’est pas une solution à long terme. À vrai dire, c’est toute l’animation offensive qui doit être réétudiée. La France doit travailler sur les basiques du jeu de position dès la relance pour faire circuler la balle comme il faut.
Comme le jeu de position est un sujet vaste qui ne peut être traité en quelques phrases, résumons. Si la sélection tricolore veut créer du jeu et libérer des espaces, elle peut s’appuyer sur quelques principes comme :
- les triangles de jeu
- recherche d’un 3ème homme libre
- occupation de l’axe pour libérer les ailes
Ces principes sont un travail d’avant-match à base de préparation tactique. Des animations doivent être préparées selon la composition et selon l’adaptation des joueurs. À titre d’exemple, il suffirait d’observer cette disposition qui permet de réunir les trois notions évoquées au-dessus :
Au-delà des solutions à trouver, il faut aussi être conscient des choses à ne pas faire en attaque. Contre une équipe repliée en bloc bas, il ne faut pas :
- tirer de loin
- centrer excessivement
- balancer devant
- avoir une trop grosse présence autour du ballon
- jouer en U pendant la possession
Bref, tout le contraire des Bleus…
Conclusion :
Comme d’habitude, mon avis sur cette Équipe de France reste divisé. Divisé entre les aspects positifs du collectif qui me pousse à croire qu’elle peut aller vers la victoire finale, et… le moins bon voir le médiocre. Frustrant.
Mais une amélioration dans le jeu est constatée, et si les défaillances ne manquent pas chez les français, elles se réduisent de plus en plus. La maîtrise globale du ballon et d’excellentes individualités (notamment Kanté et Pogba) valent d’être mentionnées. De quoi espérer décrocher le trophée ? Réponse le 15 juillet.