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  • Photo du rédacteurEl Táctico

JUVENTUS TURIN 2-2 TOTTENHAM HOTSPUR : L'ANTISÈCHE TACTIQUE

Dernière mise à jour : 24 mars 2019

Après un long moment d’absence, la Ligue des Champions revenait le 13 février avec à l’affiche une double confrontation FC Bâle-Manchester City et Juventus-Tottenham. Ce dernier oppose les anglais à la forte défense turinoise (1 but encaissé lors des seize derniers matchs) au Juventus Stadium. Donnés favoris et menant 2-0 après 9 minutes de jeu, la Juve a toutefois exposé ses limites face à un adversaire persévérant et a montré qu’elle ne mérite pas à un statut de favori dans cette Ligue des Champions malgré sa réussite ces dernières années.

Un excellent Eriksen, qui célèbre ici son but égalisateur

Les compositions sont les suivantes :

La Juve aligne Buffon pour gardien de but, une défense à 4 composée de Alex Sandro / Benatia / Chiellini / De Sciglio, un trio au milieu avec Douglas Costa / Pjanic / Khedira et aussi un trio en attaque constitué de Mandzukic / Higuain / Bernardeschi. Le 4-3-3 qui, comme nous le verrons plus tard, va plus transiter vers la forme d’un 4-4-2 à plat avec Bernardeschi et Mandzukic sur les ailes et Douglas Costa qui remonte à hauteur du numéro n°9. A noter les absences majeures du milieu tricolore Blaise Matuidi et de l’argentin Paulo Dybala.

Tottenham place aussi un 4-3-3 avec son gardien habituel Lloris, une défense à 4 occupée par le quatuor Davies / Vertonghen / Sanchez / Aurier, un milieu occupé par Dembélé / Dier / Eriksen et enfin pour attaquants Alli / Kane / Lamela. Pochettino procède à des choix assez inattendus avec par exemple la titularisation de Serge Aurier à la place de Trippier ou encore l’anglais Eric Dier à la place de Victor Wanyama.

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Le plan d’Allegri :


Dès l’entame du match, les objectifs du plan de jeu des Italiens sont clairs. Un pressing tout-terrain pour déstabiliser l’adversaire, l’agressivité pour dominer, la zone axiale verrouillée… Des éléments fréquemment présents chez les hommes de Massimiliano Allegri.

Le pressing haut avait pour but de bloquer toutes les solutions de passe pour le gardien à l’aide du marquage individuel. Aucun espace dans l’axe, mais surtout aucune véritable solution pour relancer proprement. Une idée concrètement efficace afin de mettre Tottenham en difficulté mais qui sera rapidement délaissée après le deuxième but d’Higuaín.

Pressing haut turinois => Source : https://twitter.com/JulienMomont

Lorsque les coéquipiers d’Harry Kane parviennent à relancer le ballon pour atteindre la moitié de terrain adverse, les turinois passent du 4-3-3 au 4-4-2 avec Douglas Costa qui avance d’un cran et les ailiers qui redescendent. Ce schéma tactique devenu un classique chez Allegri est une réussite depuis des années en ce qui concerne la défense. Tout d’abord, il offre une bonne gestion de l’espace avec des intervalles serrées qui permettent de verrouiller l’axe.


Mais pourquoi faire une fixation sur l’axe ? Et bien c’est simple, l’axe est la base de toute action offensive efficace. Morgan Schneiderlin, ancien joueur sous la tutelle de Mauricio Pochettino, avait par ailleurs cité la fixette de ce dernier sur le jeu dans l’axe par la citation « On doit bloquer l’axe. Il nous répète toujours que c’est le cœur du jeu et qu’il y a toujours plus de solutions depuis l’axe : changements de côté, etc. ». Et si jamais les Spurs osaient tenter le build-up dans l’axe, Allegri charge ses milieux de redoubler d’efforts et d’agressivité pour repousser le rival à se replier (d’où le total de 16 fautes commises par la Juve notamment dans cette zone). Le centre étant intensivement bloqué, les visiteurs doivent alors passer par les ailes ou half-spaces pour espérer obtenir quelque chose. A cela, la Juventus a une solution suffisante pour récupérer la balle : un surnombre de joueurs côté ballon face au porteur et un pressing à plusieurs pour l’obliger à faire redescendre le ballon ou à perdre le ballon.

Ce pressing force le milieu ou ailier du côté opposé à serrer la ligne et donc à laisser de l’espace de l’autre côté. Par ailleurs, cette méthode de récupération sera déjouée par Tottenham comme nous le verrons plus tard…


Enfin, la Juventus s’organise en 4-4-2 et souvent même 5-4-1 en défense basse avec Alex Sandro qui rejoint les défenseurs centraux pour être substitué par Mandzukic. Un bloc compact vient s’opposer aux britanniques et une fois de plus, l’axe est cadenassé. L’organisation tactique est très similaire à celle du 4-4-2 vu précédemment, à la différence près que cette défense à 3 va jouer un rôle important pour empêcher Tottenham de jouer dans la surface.

Défense basse turinoise => Source : https://twitter.com/JulienMomont


En effet, Tottenham est connu pour jouer les « crosses » ou en français, centres. Depuis les ailes ou les half-spaces, les joueurs (particulièrement les latéraux comme Kieran Trippier et Ben Davies) adressent un centre en profondeur pour une cible spécifique à savoir des joueurs intelligents dans leur déplacement et bons de la tête ou simplement bons pour reprendre ce type de passe (Kane, Alli et Eriksen). Exemple typique face à Arsenal :

D’ailleurs, la densité axiale apportée par les 3 défenseurs centraux a permis d’étouffer toute possibilité pour les londoniens de marquer sur un centre en profondeur comme en témoigne cette statistique (0 centre réussi sur 22 tentés) :

Cette assise défensive doit permettre, en théorie, aux Bianconeris d’effectuer des transitions rapides accompagnées d’un surnombre offensif en contre-attaque ou encore de jouer tranquillement un jeu de possession classique qui vise à étirer le jeu pour créer des espaces.

En définitive, le plan de jeu est très prometteur, et pour preuve l’entame de match des Bianconeris est un succès pour ce qui s’agit de contrer la tactique adverse. Mais, une fois le but du break marqué, la Juve n’a pas eu la volonté d’enfoncer le clou et a préféré laisser leur adversaire faire le jeu. Énorme erreur d’amateurisme…


La réponse de Pochettino et le réveil de Tottenham :


Étranglé par une équipe adverse pleine de vivacité, Tottenham n’a pu se montrer qu’après le deuxième but de l’adversaire. Mais une fois la machine offensive lancée, les Spurs ont dominé le match sans aucun répit et ce n’est pas le pourcentage de possession (67%) en leur faveur qui va me contredire.


Pour contrer la défense rivale, les anglais ont eu recours à une animation offensive en 4-2-3-1 avec des joueurs disponibles entre les lignes turinoises, avec Lamela à gauche puis à droite à la deuxième mi-temps :

Phase offensive anglaise => Source : https://twitter.com/JulienMomont


Les milieux ont grandement contribué pour revenir à hauteur du score. Le duo Dier-Dembélé a eu pour rôle de relancer et d’initier proprement une action et ont été très performants dans leur tâche. Le ballon une fois dans le camp adverse grâce au travail de ce duo, les milieux plus avancés (notamment Eriksen) se chargeait de créer le décalage ou l’espace décisif. La complicité entre Dembélé et son coéquipier danois est d’ailleurs évidente comme en témoigne cette statistique :

Moussa Dembélé a été selon moi, aux côtés d’Eriksen, l’homme-clé du comeback des visiteurs de par ses relances précises et très utiles et par ses qualités de récupérateur acharné. Sa disponibilité à l’intérieur du jeu a permis de combler le manque de décrochage et de mouvement offensif des Spurs par moments. Ses statistiques suffisent à elles seules à montrer son importance au sein du collectif sur ce match :

- 116 ballons donnés

- 12 duels gagnés sur 15

- 94 passes réussies sur 99 et 73 passes réussies sur 78 dans la moitié de terrain adverse

- 2 passes clés

- 4 tacles, 1 interception, 8 ballons récupérés et 7 ballons perdus au total


Le trio Alli, Eriksen et Lamela a lui aussi délivré une performance de haute qualité. Leur mouvement autour de la ligne de milieu adverse a permis de densifier cette zone et de gêner les Italiens dans leur pressing. On notera le match d’Eriksen qui par ses déplacements précieux entre les lignes de la Juve pour déstabiliser leur animation défensive et par ses passes chirurgicales a su exploiter la fébrilité de la Juve.


Face à leur disponibilité dans les half-spaces ou l’axe et au travail des latéraux, le plan de récupération à plusieurs joueurs d’Allegri (voir l’image au-dessus avec le cercle rouge) a échoué. Tandis qu’Aurier et Davies prenaient la largeur pour enclencher le surnombre à la récupération sur les côtés planifié par Allegri, les Spurs en profitaient pour remettre dans l’axe ou les half-spaces alors en grande partie abandonnés par les Italiens. Cette méthode a été d’une grande aide pour Pochettino dans le but de déjouer son rival.


Enfin, l’attaquant de pointe Harry Kane s’est aussi distingué par ses déplacements pour soutenir ses coéquipiers. Au total, il a touché le cuir à 30 reprises et de manière très mobile. Observez :

Souvent suivi par trois défenseurs centraux chargés de le contenir, il a été capable via son jeu sans ballon intelligent et ses appels de balle à dominer une des meilleures défenses d’Europe comme en témoigne l’action du premier but où il élimine rapidement Benatia et la charnière centrale pour marquer :

Pochettino avant la phase aller avait déclaré que son équipe ne lâcherait pas ses principes. C’est une promesse qu’il a tenu puisque le counterpressing, technique constamment utilisé par les Spurs qui consiste à récupérer le ballon dès sa perte, a permis à Tottenham de maintenir la possession du ballon. Ainsi, la Juve n’a non seulement pas pu obtenir la domination du ballon mais n’a aussi pas pu mettre en place une animation défensive stable et efficace.


La Juve, des limites évidentes et surtout en défense :


Si la performance de Tottenham en est pour beaucoup dans l’égalisation, il faut aussi dire que les turinois ont fait preuve de passivité après le but du break. Le 4-4-2 italien en défense a en effet affiché des faiblesses incontestables.


Le 1er rideau défensif de deux attaquants, à savoir Higuain et Douglas Costa, a rapidement été éliminé par Tottenham grâce au travail de la paire Dier-Dembélé. Le buteur argentin n’a pas été à la hauteur défensivement, laissant du temps et de l’espace à l’adversaire et par conséquent laissant les Spurs avancer sans gêne près de la cage de Buffon. Par exemple, ici :

Le travail souvent inefficace de ce 1er rideau (qu’il soit composé d’un ou de deux attaquants) force souvent un milieu à décrocher pour presser ou cadrer. L’alignement est alors menacé ce qui permet à Tottenham de profiter d’encore plus d’espaces dangereux. Ici, Higuain est trop passif et un milieu sort de sa ligne pour le soutenir. Résultat : un espace vacant facilement exploitable pour les londoniens.

Le quatuor derrière les attaquants a lui aussi été impuissant. Les milieux laissaient des espaces trop vastes entre eux et ces intervalles sont négligés par les locaux. Cela permet à des joueurs comme Eriksen et Lamela de s’y installer (particulièrement l’argentin qui par son jeu intérieur a causé beaucoup de problèmes à l’animation défensive rivale). La récupération à plusieurs dont j’avais discuté au début de l’article n’a pas fonctionné face à la réponse de Pochettino (lire un peu plus haut).


La défense trop reculée a influé sur l’attaque puisque les contre-attaques n’ont connu quasiment aucune réussite. Gonzalo Higuain se retrouve souvent seul pour jouer l’opportunité offerte et doit temporiser. La récupération est alors bien plus facile pour l’adversaire. Face à une équipe misant sur le counterpressing et à la défense surexposée, la réponse italienne fut trop faible :

Exemple de contre-attaque mal initiée et ratée à cause d’un 2vs4


Même lorsque (rarement) la Juve avait la chance de marquer sur attaque placée à l’aide des espaces laissés par les londoniens, elle n’en profitait pas et sa phase offensive en demeurait statique et sans fond. Un exemple (où la balle aurait dû être donnée verticalement) parmi d’autres avec cette image :

L’incapacité des locaux à se créer des occasions vient aussi du fait que le trio Khedira-Pjanic-Bernardeschi n’a pas su offrir un soutien suffisant. Contrairement à un Moussa Dembélé primordial pour l’exploitation d’espaces et la création d’occasions, les Bianconeris ont été timides au moment de montrer leur créativité offensive comme en témoigne la passmap des deux équipes :

La passmap des Spurs qui montre l’importance de Dier-Dembélé-Eriksen

La passmap de la Juve qui expose la contre-performance du trio au milieu


Conclusion :

En définitive, la phase retour sera l’occasion pour les deux protagonistes d’améliorer leur jeu et de déjouer l’adversaire. Même si Tottenham a délivré une performance honorable, elle peut toujours mieux faire en évitant de trop jouer les "crosses" par exemple. Mais les défauts sont à ajuster côté italien.


Massimiliano Allegri va devoir trouver une alternative à son 4-4-2 fébrile défensivement et catastrophique offensivement s’il espère un résultat victorieux au stade de Wembley. Il faudra éviter de laisser le ballon aux Spurs qui par leurs joueurs de qualité savent la plupart du temps exploiter les espaces non comblés par l’animation défensive adverse pour se créer des occasions de but. Mais je ne doute pas que si l’entraîneur de Livourne parvient à régler les inconvénients de son équipe, surtout d’un point de vue défensif, la Juve pourra dominer à l’extérieur et prouver qu’elle peut franchir un cap en Ligue des Champions et remporter la coupe aux grandes oreilles.

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