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  • Photo du rédacteurEl Táctico

CHELSEA FC 1-1 FC BARCELONE : ANALYSE TACTIQUE

Dernière mise à jour : 24 mars 2019

Stamford Bridge accueillait les barcelonais pour la Ligue des Champions, dans une ambiance bouillante et un match prometteur. La rencontre fut à la hauteur des attentes avec un rapport de force égal mais surtout des franches occasions de chaque côté. La possession de balle n’a jamais garanti la victoire, et les 69% de possession du Barça n’échappe pas à la règle : malgré cette statistique honorable, les Catalans n’ont pu obtenir qu’un match nul et peuvent s’estimer heureux. Explications.

Willian en grande forme, buteur face aux Catalans

Les compositions sont les suivantes :

Un 4-3-3 pour le FC Barcelone qui prendra la forme, au cours du match, d’un 4-4-2 losange avec Paulinho derrière les deux attaquants Messi et Suarez :

Un 3-4-3 pour Chelsea qui occupera pendant la quasi-totalité du match un dispositif défensif en 5-4-1. A noter la présence surprise d’Eden Hazard en numéro 9 alors que Morata ou Giroud était attendu à ce poste. Peut-être pour ajouter plus de vitesse et de percussion vers l’avant au trio offensif londonien ? Qu’importe, voilà la composition :

Chelsea entre défense compact et déchet technique :


Les statistiques défensives plus que décevantes de Chelsea (23 buts encaissés en 27 matchs de Premier League) laissaient penser qu’elle jouerait la défensive pour ne pas être exposé face à une équipe sans pitié contre les adversaires désorganisés. Ce fut le cas, avec un 3-4-3 qui a rapidement pris la tournure de 5-4-1 défensif.

En attaque placée, les Blues jouent en 3-4-3 pour élargir le terrain contre un 4-5-1 catalan dont la priorité restait de densifier l’axe pour mieux le verrouiller. Toutefois, les Blues ne joueront plus tard que par contre-attaques et délaisseront l’attaque placée.

Le bloc médian des locaux est un 4-4-2 à plat avec Marcos Alonso qui avance d’un cran et Rudiger qui prend le couloir gauche à la place de l’Espagnol, Pedro rejoint Hazard en tant qu’avant-centre.

Bloc médian londonien : un 4-4-2 dense dans l’axe


Mais c’est l’animation défensive en bloc bas qui a le plus été employé par les britanniques. En 5-4-1 à plat, ces derniers n’ont laissés quasiment aucun espace exploitable à l’adversaire. Un bloc compact et dense dans l’axe, accompagné d’un marquage zonal et orienté vers le ballon (ce qui laisse de facto le côté opposé constamment délaissé) suffisait à contrôler la menace espagnole.


L’approche défensive prise par Antonio Conte répond aux caractéristiques du Barça. Barcelone ne changeant pas de côté rapidement (comme nous le verrons un peu plus tard), le marquage orienté-ballon aura été d’une grande efficacité. La distance entre la ligne du milieu et la ligne défensive demeure très petite jusqu’au bout pour empêcher Lionel Messi de s’y installer, alors que la Pulga est friand de ce genre d’espaces. Cela a forcé l’Argentin à revenir très bas pour prendre le ballon, une réussite en soi pour un joueur destructeur par ses décrochages et les décalages qu’ils créent. Mais l’argentin est resté dangereux avec ses montées, comme quoi rien ne peut l’arrêter ou presque…

Bloc bas des Blues : un 5-4-1 toujours dense dans l’axe et compact

Un bloc qui coulisse côté ballon laisse généralement la zone opposée totalement vulnérable, et c’était donc un choix assez risqué de l’entraîneur des Blues de mettre en place un tel bloc. Un changement de côté rapide aurait permis aux Blaugranas d’être plus tranchants offensivement ; mais les latéraux n’ont pas contribué à déstabiliser le rival anglais. La passmap disponible plus bas dans l’article montre d’ailleurs le jeu trop latéral de Sergi Roberto et de Jordi Alba ou encore Andrés Iniesta et Paulinho qui ne contribuent pas assez (surtout le dernier cité) à la verticalité du jeu alors que leur présence entre les intervalles et dans les half-spaces auraient été précieux.


Pour ce qui relève des contre-attaques, elles sont assurées par le trio Pedro/Hazard/Pedro : Chelsea a apporté du danger en attaque rapide grâce à la belle performance du brésilien Willian à la percussion vers l’avant menaçante pour l’adversaire. Ce n’est pas un hasard si 44% des offensives londoniennes sont venus de son côté (plus haut pourcentage concernant cette équipe).

Willian en 1ère MT aura ainsi touché 23 ballons pour 5 dribbles réussis, 2 passes clés et 2 tirs sur le poteau. Efficace, n’est-ce pas ?

Mais le déchet technique a plombé la performance collective des Blues puisqu’ils sont à la peine pour ressortir le ballon alors que les Catalans, malgré un pressing haut, laissent plusieurs fois des solutions à la relance. Depuis le début de la saison, Chelsea est souvent incapable de ressortir le ballon proprement face à un pressing adverse haut (comme en témoigne sa performance face à Bournemouth).

Deux erreurs de relance près de la surface sont montrées ici, alors que les solutions (cercles verts) ne manquent pas pour jouer court ; on notera que la deuxième erreur de relance provoque directement l’égalisation de Lionel Messi.


Un Barça en manque d’idées et une possession stérile :


Il aura fallu attendre la 53ème minute pour assister au 1er tir cadré barcelonais : une statistique révélatrice de l’impuissance catalane. Et pourtant, 69% de possession. Mais alors pourquoi ?


Eh bien, la réponse réside en deux mots : possession stérile. En effet, le FC Barcelone s’est contenté au long du match de faire tourner sans pour autant chercher des décalages et des espaces exploitables. Pour preuve, observez la heatmap espagnole en 1ère mi-temps qui symbolise la « construction en U » et par conséquent la possession de balle stérile :

Un autre facteur explique ce contrôle de la partie sans vraiment dominer : des joueurs aux efforts insuffisants, à l’image de Luis Suarez qui en première mi-temps n’aura touché que 19 ballons comme le révèle sa touchmap ci-dessous.

Un Barça clairement pas inspiré, en témoigne sa passmap collective qui dévoile plusieurs éléments concernant la performance des visiteurs :

- construction en U exposée avec un jeu trop latéral

- performance impériale de Sergio Busquets dans son rôle (voir plus bas)

- Paulinho et Suarez trop isolés et inutiles dans progression du ballon/création d’occasions

Sergio Busquets est une des rares bonnes surprises de Barcelone, avec une mission simple qu’il a parfaitement gérée : relancer le ballon et le faire tourner, pour laisser les partenaires créer des espaces. Omniprésent pour initier l’action, il a fait et réussi le taux de passes le plus important ce soir-là comme l’explicite sa touchmap presque jouissive :

Mais mis à part celui-ci, le manque de créativité et de contribution offensive des milieux s’est fait ressentir. Rakitic, Iniesta et Paulinho n’ont à aucun moment combiner avec le reste des joueurs ou offerts des solutions intéressantes à leurs coéquipiers sur plusieurs situations. Et pourtant, ce n’est pas les opportunités qui manquaient. Pour me justifier, appuyons-nous sur des exemples basiques :


1/ Iniesta aurait pu avancer pour atteindre la zone rouge afin de proposer une solution en profondeur à Jordi Alba. Mais il reste immobile et le latéral gauche espagnol ne peut que lui redonner le ballon

2/ Rakitic, symbole d’un jeu statique et dépendant de Messi, préfère jouer la solution la plus simple à savoir une passe courte à ce dernier. Il aurait pu, comme dans ce schéma, rechercher Paulinho par la technique du 3ème homme libre pour que le Brésilien puisse jouer le ballon à l’intérieur de la surface de réparation.

3/ Ici, un exemple lambda : ni Rakitic, ni Paulinho, ni même le latéral droit Sergi Roberto ne rejoigne Messi derrière son dos pour l’éviter de jouer latéralement. Si une solution aurait été proposée par Rakitic par exemple, on aurait la présence de Sergi Roberto, de Paulinho, de Messi et de Rakitic donc dans un seul même côté.

Des exemples parmi d’autres qui auraient pu contribuer à étirer le bloc anglais et créer des espaces jusqu’à la cage de Courtois si le ballon circule comme il faut. Malheureusement, le manque d’idées et la possession stérile ont été préférés par les Catalans.

Pour finir sur les milieux, qui représentent à eux seuls la possession de balle stérile du Barça face aux anglais, un autre défaut est à souligner. Aucune pénétration axiale ou incursion entre les intervalles pour apporter le danger, et par conséquent un jeu sans fond. Ici par exemple, alors que le bloc de Chelsea s’étire de plus en plus, seul Messi est présent entre les intervalles pour créer des décalages.

Nous avons cette idée que le contrôle du match passe par la circulation de balle […] mais si vous prenez les équipes anglaises d’avant l’arrivée d’Arsène Wenger, elles vous diront comment contrôler un match sans contrôler la possession grâce à un football direct - André Villas Boas

Ses paroles prennent tout leur sens dans cette confrontation où le manque d’inspiration offensive s’est fait ressentir et où le jeu direct a pris l’ascendant sur la possession stérile.


Conclusion :

Chelsea convaincante et Barcelone réaliste, voilà un résumé du match. Évidemment, la phase retour laissera place à une autre approche tactique des 2 côtés. Tandis que Conte exigera de son équipe volonté offensive et précision technique, Valverde imposera un jeu plus direct avec une possession plus efficace.


Le suspense reste tout entier, et la bataille sera remportée par la tactique la plus réussie. Le spectacle au Camp Nou risque bien d’être spectaculaire…

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